À 11 ans j’ai été suivi.

À 11 ans, j’ai été suivi.

Bonjour, je m’appelle Timéo, je suis Français, et oui, j’ai bien été suivi.

C’était un jeudi, en pleine année de sixième. Un jour banal, avec des cours tout aussi ordinaires. Ce jour-là, comme souvent, je terminais à 15h20. Je n’étais pas dans le même emploi du temps que mes camarades, donc je rentrais seul, à pied. Mon collège se trouvait à environ vingt minutes de chez moi. J’avais l’habitude de ce trajet. Je passais par des petites rues, un parc, et surtout un vieux pont rouillé au-dessus d’un ruisseau que je trouvais toujours un peu sinistre.

Ce jeudi-là, en sortant du collège, j’étais absorbé par mon téléphone. J’avais mis mes écouteurs, écoutant un podcast sans trop prêter attention à ce qui m’entourait. Mais en arrivant au pont, j’ai remarqué quelque chose d’inhabituel : une personne était là, immobile, au milieu du chemin. Je me suis arrêté un instant, un peu surpris. Il n’y avait jamais personne à cet endroit à cette heure-ci.

Cette personne avait les cheveux violets, ce qui m’a immédiatement marqué. Je me suis dit que c’était peut-être un étudiant, ou simplement quelqu’un d’excentrique. Rien d’inquiétant. J’ai continué mon chemin, l’ignorant. Mais après quelques mètres, j’ai senti un malaise. Comme si quelqu’un m’observait. J’ai jeté un coup d’œil derrière moi… et cette personne s’était retournée. Elle marchait maintenant dans ma direction. Droit vers moi.

Le cœur battant un peu plus vite, j’ai accéléré le pas. Mon sac pesait sur mes épaules, et j’essayais de me convaincre que j’étais paranoïaque. Mais trente mètres plus loin, je me suis retourné à nouveau. Cette fois, plus de doute : elle courait. Elle me poursuivait.

J’ai pris mes jambes à mon cou, courant de toutes mes forces. Mon souffle devenait court, mais je ne pouvais pas m’arrêter. Je n’avais jamais eu aussi peur. Mes pensées se bousculaient : qui était cette personne ? Pourquoi moi ? Que voulait-elle ? Chaque bruit derrière moi me faisait sursauter.

Enfin, j’ai vu mon portail. Mon cœur explosait presque dans ma poitrine. Je l’ai ouvert précipitamment et je suis rentré en courant, claquant la porte derrière moi. Je suis monté directement à l’étage, vers la chambre de mon petit frère. Elle était plus proche, plus accessible que la mienne.

Une fois à l’intérieur, j’ai jeté un coup d’œil par la fenêtre, espérant que tout soit fini.

Mais non.

La personne était là. Juste de l’autre côté de la rue. Immobile. Elle me regardait. Toujours.

Je me suis figé. Ce n’était pas une simple coïncidence. Cette personne avait traversé la ville pour me suivre, pour venir jusqu’à chez moi. Et elle ne faisait rien d’autre… que me fixer.

Elle est restée là de longues minutes. Peut-être dix. Peut-être plus. Puis elle a fini par s’éloigner. Sans un mot. Sans un geste.

Depuis ce jour, je ne marche plus jamais sans regarder derrière moi. Je n’écoute plus de musique quand je suis seul dehors. Je vérifie toujours si quelqu’un me suit. Et surtout, je n’oublierai jamais ce regard figé, planté sur moi, comme si j’étais la seule chose qui existait au monde.

J’avais 11 ans. Et j’ai été suivi.