Le voisin fou

Bonjour, je me présente : je m’appelle Abdel et je suis de Lyon. J’ai 20 ans et je venais de les fêter quand mon histoire s’est déroulée. Je suis en 2ᵉ année d’études supérieures (BUT GMP).

Dans notre formation, il était indispensable d’effectuer un stage de deux mois en entreprise, et avec la difficulté d’en trouver un, je n’ai pas eu d’autre choix que de m’éloigner de la ville. J’ai dû aller dans une entreprise (dont je vais préserver le nom) dans une commune de l’Ain.

Je venais à peine de rentrer de l’étranger, où j’étais allé voir de la famille et décompresser après les semaines d’exams, qu’il a fallu commencer à travailler. Mon entreprise se trouvait à peu près à 70 km de chez moi. Il a donc fallu que j’emprunte la voiture de ma mère, pendant qu’elle utilisait une voiture de fonction prêtée pour l’occasion.

Tout se passait bien dans l’entreprise, je m’entendais bien avec tout le monde, mais rien que la première semaine, j’avais effectué plus de 750 km et je ne dormais pas assez (jamais plus de 4 h par nuit, j’étais à bout). J’avais évité de peu trois accidents en m’endormant au volant sur les routes de campagne, et pour ma mère c’était trop : elle m’a forcé à prendre un appart’ proche de mon lieu de travail.

En faisant ses recherches de son côté, elle est tombée sur plusieurs annonces assez chères et a décidé de contacter la mairie du village le plus proche, qui avait par miracle des appartements T1 à louer pas chers dans un château. À savoir qu’environ la moitié des chambres disponibles n’étaient pas louées, et que les résidents étaient des personnes âgées et isolées. À côté du château se trouvait aussi une maison de retraite.
Un week-end, on est allés visiter les lieux. Le bailleur très sympathique nous fait une offre pendant la visite, et nous passe même quelques vieux meubles pour aménager ce qui sera mon nouveau chez-moi pendant deux mois. Il faut savoir que l’appart’ n’a pas d’œilleton c’est très important.

Il me prévient quand même que les résidents sont âgés et n’ont pas grand monde à qui parler, mais qu’ils ne sont pas méchants, seulement très bavards et curieux. Il y a aussi comme une « extinction des feux », et à partir de la tombée de la nuit, la porte en bas du château est fermée à clé par l’une des résidentes, pour éviter que des intrus ne rentrent. Mais il me donnera une clé pour sortir. Je signe.

La vie suit son cours quelques semaines passent: je travaille, je prends l’habitude de la vie seul à la campagne. Certaines soirées, je me pose seul dans le parc en bas et je regarde les étoiles, j’essaie de mémoriser les constellations. Tout se passe bien, mais je me sentais mal à l’aise dans l’appartement, et je me réveillais toutes les nuits vers 3 h du matin en sursaut, sans savoir pourquoi. Donc je sortais me balader souvent.

Un jour, on toque à ma porte. C’est le voisin de palier, qui vient me voir pour réparer sa télécommande. Tout souriant, il m’explique qu’elle ne marche plus. Lui, natif de cette commune, me demande si je connais un magasin qui saurait la réparer. À savoir qu’il est un peu sourd, mais que depuis chez moi j’entendais sa télé fonctionner, donc il avait réussi à l’utiliser.
Je lui explique que je ne suis pas d’ici, mais il me tend la télécommande et me demande si je peux la réparer. Au moment où je commence à l’examiner, il me la reprend des mains directement et me dit que la télécommande refonctionne. J’étais confus, mais je l’ai laissé repartir.

L’endroit était beau (forêt et montagne car proche du Jura), mais assez atypique, notamment avec une statue de la Vierge Marie apercevable depuis ma fenêtre. C’était un peu le lieu de regroupement d’un grand groupe de corbeaux, et la statue s’éteignait tous les jours à minuit, en même temps que le son des cloches de l’église du village.
Ceci me faisait peur, honnêtement, mais c’est normal, et ce n’est qu’un détail.

Depuis ma drôle de rencontre avec le voisin de palier, j’ai remarqué un détail étrange : il laissait toujours sa porte ouverte aux horaires où je rentrais du taff, alors que ses aides-ménagères peuvent ouvrir la porte même si elle est fermée.
Jusqu’au jour fatidique où je suis rentré plus tôt du travail : la porte du voisin était fermée.
Je me pose chez moi, je me fais un goûter, puis j’entends un bruit de cliquetis et de frottement à ma porte. Je ne comprends pas au début, puis je vois ma poignée de porte faire un mouvement de balancier. Quelqu’un essayait de forcer ma porte. Je suis resté bien 10 min à regarder la porte, pétrifié, puis je me suis approché et j’ai entendu un deuxième interlocuteur arriver dans le couloir et dire :
« Qu’est-ce que vous faites, M. ****** ? C’est chez le jeune homme ici, vous ne pouvez pas rentrer. »
C’était mon voisin.

Il a repris sa tentative d’effraction une heure après. J’ai intervenu en gueulant à plusieurs reprises derrière la porte, avant qu’il n’arrête. J’avais tout ce qu’il faut pour me défendre, mais il faut savoir qu’en France, la légitime défense est compliquée. Tant que la personne n’est pas rentrée chez moi, je ne peux rien faire. Et là, j’étais franchement bloqué (et con que je suis, je n’ai pas appelé les gendarmes).

Avec cette mésaventure, je me suis remis au lit, mais j’ai bien évidemment bloqué la porte du palier avec une chaise, et j’ai mis une cuillère sous la porte pour la bloquer. N’arrivant pas à dormir, en repensant à la scène et à quelles ont bien pu être les intentions du voisin, voilà qu’il est environ 3 h — l’heure où je me réveille mystérieusement toute les nuits. Cette fois-ci, j’entends un gros vacarme chez le voisin, puis j’entends sa porte s’ouvrir et je l’entends se diriger vers ma porte. Puis silence radio. Quelques petits bruits, mais rien de spécial, la porte est restée fermée. Je m’endors après un moment sans bruit avec la fatigue.

Le matin, je reste tétanisé devant le sas de l’entrée en voyant la cuillère (que j’avais mise pour bloquer la porte de l’intérieur) au milieu du sas, et non plus sous la porte. Je sors pour aller au travail, mais en voulant fermer la porte, la serrure était bloquée de l’extérieur.
C’est là que j’ai eu le réflexe d’appeler le bailleur, qui m’a ramené des serruriers, et où j’ai appris que mon voisin de palier était un ancien serrurier qui commençait à devenir fou.
Depuis ce jour, le voisin n’a plus laissé sa porte ouverte pendant le temps où j’étais là, mais il était toujours là à 3 h pile, toutes les nuits, à casser des objets dans sa maison et à faire du bruit.

Tout se finit bien : je suis rentré sur Lyon, mais jusqu’à aujourd’hui, je ne connais toujours pas quelles ont été ses intentions, ni s’il avait déjà réussi à rentrer chez moi.

Merci pour votre écoute.

submitted by /u/RetroLaCompote
[link] [comments]

Related Posts

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top